Thème : Crépuscule
Le Soleil disparaissait lentement derrière l’horizon, transformant le bleu du ciel en un dégradé de rouge. Tiré par la manche de sa chemise, il traînait les pieds dans les pas de sa geôlière. Ils auraient pu avoir cette conversation chez eux, devant un thé, ou une bière. Mais non. Il fallait que ce soit ici. Il soupira. Qui aurait l’idée, à part elle, d’une balade sur la plage en plein mois de février ?
Le sable froid crissait sous ses pieds. Pourquoi l’avait-elle emmené ici ? Il savait que Thémis avait deviné la réponse, mais elle se sentait responsable de la situation et se murait dans le silence. Haru détestait ça. Il avait toujours détesté ça.
Une sensation de déjà-vu traversa son esprit tandis que son bras retombait mollement le long de son flanc. Intrigué, il releva la tête. Elle avait lâché sa chemise et contemplait l’océan, les mains nouées dans le dos. Si proche. Pourtant, parfaitement inaccessible.
La chaleur s’était envolée. À la merci d’un vent mordant qui s’infiltrait sous sa veste, il eut soudain un flash. Le souvenir lointain d’un premier rendez-vous sous cette même lumière mourante, à l’aube de leur relation. Le doute obscurcissait déjà son esprit, à l’époque, mais l’espoir en avait chassé les ombres. Ce soir, qu’en restait-il ?
Ce soir, seuls quelques pas les séparaient. Demain, des galaxies d’étoiles. Une dernière nuit sur Terre, avant son départ. Le vol d’essai du T3RR3-01 devait décoller demain de Nibiru. Un voyage qui, pour l’instant, ressemblait à un aller simple pour lequel Yangchen et Ceos avaient déjà pris leur billet. Elle fixait résolument la naissance du crépuscule, et il eut soudain l’impression que le ciel allait s’effondrer. Était-ce leur destin ? Se trouver pour mieux se perdre ?
— Tu devrais venir.
Il en mourrait d’envie.
— La Terre a encore besoin des MEKA…
Le lien tremblait. Il sentait le désespoir de Thémis se lier au sien.
— Tu pourrais rester, souffla-t-il.
— Je ne peux pas.
Le froid traversa son jean dès qu’il s’assit sur les blocs de béton qui retenaient la côte.
— Je sais. Bordel…
Un air maussade creusait ses joues. Ses mains serraient les rochers. Pourtant, il plongea dans les yeux gris qui avaient lâché l’horizon. Les dernières lueurs ravivèrent l’étincelle tapie au fond de ses iris. Deux mains étreignirent les siennes. Haru la serra dans ses bras. Le Soleil s’effaça complètement derrière l’horizon et, dans la pénombre, il comprit que la nuit ne serait pas éternelle. Une dernière, avant la prochaine. Après le crépuscule et les ombres, l’aube reviendrait. Peut-être demain, ou dans un autre siècle, ou dans une autre vie. Mais il l’attendrait.
Laisser un commentaire