Choisir un livre

Choisir un livre

Je n’ai pas grandi avec des livres. Si j’ai lu quelques histoires avant le collège, je n’en garde aucun souvenir.

Notre bibliothèque abritait trois types d’ouvrages : les recueils de recettes de cuisine, les livres Disney (la fameuse collection France Loisirs), et une collection à l’aspect ancien, qui contenait deux œuvres classiques par tome. Stendhal, Zola, Balzac… Des livres de vitrine, sous clef, trop inintéressants — d’après mes parents — pour une enfant de 10 ans.

À onze ans, donc, je n’avais jamais mis les pieds dans une librairie. Jusqu’à ce que notre professeur de français donne le titre du premier livre à étudier ce semestre. Une bande dessinée. Pendant que ma mère se renseignait, mon père s’étonnait de me voir traîner dans le rayon fantasy.

J’observais les couvertures, les mains agrippées à l’étagère, en essayant d’imaginer ce que ces livres pouvaient bien renfermer. Ils étaient loin du visuel triste et monotone de notre bibliothèque. Ici, à la place des couvertures marron aux écritures d’or, il y avait des illustrations de magiciens, des cercles colorés aux symboles étranges, des épéistes qui luttaient contre les dragons… J’ignore ce qui a décidé mon père. Mais il a fouillé l’étagère et tiré un livre qu’il m’a tendu. Je tenais là le premier roman qu’il m’ait offert : Bilbo le Hobbit.

Merci, papa. De tout mon cœur.

Ce livre a ouvert une porte… et une frustration. La lecture, c’était génial. Mais court. Trop court. Il me fallait d’autres aventures, mais j’ai vite compris que l’argent disponible ne permettait pas d’acheter un roman tous les trois jours.

J’ai bien dû lire les aventures de Bilbo deux ou trois fois en quelques semaines. Avant de découvrir, pendant un autre cours de français, ce qui allait devenir mon nouveau refuge pendant les récréations : le CDI.

Une grande pièce aux murs couverts de bibliothèques. Les livres étaient fatigués, les reliures abîmées. Mais j’avais là un endroit où je pouvais emprunter un livre à loisir et le ramener pour en lire un nouveau.

La plupart paraissaient intéressants. Cependant, je cherchais le dernier livre à la mode. Harry Potter. Évidemment, il était déjà emprunté. La gentille dame m’avait mise sur liste d’attente. En attendant, que lire ?

J’ignore comment tu procèdes, cher ami, quand tu recherches ta prochaine lecture, mais moi, je fonctionne à la couverture. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait, à l’époque. J’ai flâné devant les étagères, avant d’attraper une couverture violette où deux chauves-souris survolaient une ville. Au hasard.

Les premières lignes m’ont happée. Un monde d’aventure, de dangers, de découvertes. Une histoire qui se lit comme on respire, et qui laisse une trace dans l’imaginaire.

Aujourd’hui, la saga des Silverwing, de Kenneth Oppel, est une série que je relis à l’occasion. Parce qu’elle me rappelle cette époque. Parce qu’elle me rappelle qu’on évolue. Avant, j’étais comme le petit Ombre, à vouloir découvrir un monde interdit par les Chouettes. Mais aujourd’hui, je suis parfois sa mère, parfois la vieille Frieda.

J’ai gardé ce réflexe, dans les librairies. Je flâne, j’observe, j’attends qu’une couverture m’appelle. Parfois, la magie opère. Parfois non. Mais je continue de faire confiance à mon instinct, parce que mes plus belles rencontres de lecture sont nées du hasard.

Et toi ? Quel livre t’a donné envie de découvrir d’autres univers ?

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